04.12.2018

Carrefour roule à l’hydrogène avec STILL

Et s’équipe de la plus grande flotte de chariots pile à combustible en Europe.

« Le site Carrefour à Vendin le Vieil (Pas de Calais) a été retenu dans le cadre d’un projet pilote, réalisé en partenariat avec STILL, PlugPower, Air Liquide et FCH JU pour le déploiement d’une flotte de 137 chariots pile à combustible (1) » explique Arnaud Torchy, le Directeur Technique Site Nord. 

(1) 36 chariots à mât rétractable (FM-X), 17 transpalettes à conducteur porté (EXU-S), 78 préparateurs de commandes à levée ergonomique (CX-S), 6 gerbeurs double niveau (EXD-S).

Dans la pratique, le programme s’est déroulé en deux phases. Une première, achevée en septembre 2017, qui a vu la mise en service de 57 engins de manutention équipés de batteries hydrogène. Les travaux de réalisation de la station de stockage et de compression, située à l’extérieur du bâtiment, et ceux de deux des trois postes de remplissage (dispenser), implantés dans l’entrepôt ayant été, bien entendu, effectués en amont. « La deuxième phase, terminée en avril 2018, a permis de mettre en activité le troisième poste de distribution et de compléter le parc, en y ajoutant 80 appareils supplémentaires » poursuit Alain Audegond, le Directeur du site.

Au niveau fonctionnement, la station extérieure, approvisionnée par semi-remorque, stocke l’hydrogène à 250 bar et le comprime ensuite à 450 bar afin de pouvoir l’expédier, par différence de pression, vers l’un des trois postes de distribution. Le cariste n’a plus qu’à faire le plein du réservoir, comme il le ferait dans une station-service classique pour son véhicule personnel, l’opération s’effectuant en trois à quatre minutes. « La procédure de remplissage des machines est, bien entendu, très sécurisée et se déroule selon un processus très précis. Elle fait l’objet de rappels constants, lors des briefing sécurité réguliers, chaque nouveau cariste qui entre dans l’entrepôt, devant obligatoirement suivre et valider une période de formation préalable » commente Hervé Lehut, Responsable d’exploitation.

Ergonomie, propreté, simplicité et souplesse d’utilisation

Cet aspect simplicité et rapidité constitue, bien entendu, le premier argument en faveur de la pile à combustible. « La pénibilité, liée au changement d’une batterie plomb/acide classique est également supprimée » explique Kevin Roche, un des préparateurs de commandes, « même si la permutation s’effectue habituellement à l’aide de systèmes mécanisés ou semi automatisés, l’opération étant par ailleurs beaucoup plus propre ». Les conditions de travail des opérateurs sont donc améliorées, tout en évitant les risques d’accident susceptibles de se produire lors des manutentions de batteries classiques.

L’autre atout est, bien entendu, environnemental. Il s’agit d’une solution hautement recyclable, qui ne comporte pas d’acides toxiques ni de polluants, la durée de vie supérieure de la pile à combustible (10 ans ou 25 000 heures) allant également dans le sens d’une réduction du gaspillage et des déchets inutiles. Il s’agit d’une technologie propre (voir encadré) « qui permet de réduire notre empreinte carbone » précise Arnaud Torchy. « Avec un peu plus d’une année de recul on peut estimer, aujourd’hui, que ce sont ainsi 30 t de CO2 qui, chaque année, ne seront pas dégagées dans l’atmosphère » chiffre Alain Audegond. Côté performances, « elles sont constantes durant tout le cycle de la batterie » affirme Herve Lehut. Quant à la durée d’utilisation ? Elle varie selon les métiers. Mais pour un cariste travaillant en levée, il faudrait changer une batterie plomb classique une ou deux fois par poste, avec des durées de charge de 8h. Vous imaginez donc la logistique avec 36 chariots à mât rétractable présents dans l’entrepôt…. Côté coûts, l’utilisation de l’hydrogène permet aux entreprises de supprimer la construction d’une salle de charge. Mais surtout, durant les pics d’activité (promotions anniversaire, été et fêtes de fin d’année) d’éviter l’obligation de faire de la location courte durée. « Nous avons été confrontés à une situation semblable, avec la mise en place d’une équipe de nuit pendant six mois. Avec un parc classique et même un double jeu de batteries, il nous aurait été impossible de répondre aux contraintes d’exploitation, la première batterie n’étant pas rechargée alors même que la seconde aurait été en fin ce cycle. Ecueil qui n’existe pas avec une batterie hydrogène, capable de fonctionner 24h/24 moyennant un court laps de remplissage » conclue Arnaud Torchy.

STILL présent sur les différentes solutions technologiques.

« Nous sommes fiers d’avoir, aujourd’hui, la plus grande flotte européenne de chariots élévateurs fonctionnant à l’hydrogène » glisse, avec un sourire gourmand, Kai Von Berg, Directeur Produits magasinage et énergie de STILL. « Mais nous restons néanmoins dans la compétition technologique, afin de poursuivre le développement d’autres solutions prometteuses, comme celle des batteries Lithium-Ion, et pouvoir offrir ainsi en permanence, à nos clients, la meilleure technologie du moment » ajoute Björn Grünke, Chef de produit Energie de STILL. « Ce projet va également nous permettre de jauger les conséquences des effets d’échelle, dont la rentabilité qui demeure subordonnée à l’évolution des coûts » poursuit Kai Von Berg. Le secteur des chariots élévateurs constitue en effet un marché de niche, « et nous dépendons très fortement du contexte énergétique dicté par d’autres acteurs industriels, beaucoup plus puissants » poursuit Björn Grünke. Il est évident que si l’automobile se lance sur ce créneau, les cartes pourraient rapidement être rebattues d’où, encore une fois, « la nécessité de garder les yeux ouverts afin d’anticiper ». 

L’entrepôt Carrefour de Vendin le Vieil

La plateforme Carrefour Vendin 2 a été mise en service en janvier 2016. Elle approvisionne principalement 360 points de vente de l’enseigne (12 hypermarchés, 74 markets, 264 magasins de proximité et 10 Promocash) répartis sur cinq départements – Pas-de-Calais, Nord, Oise, Aisne et Picardie. L’entrepôt de 58 000 m2 et 11 cellules, fonctionne en deux postes et demi et gère entre 14 000 et 16000 références, l’ensemble des préparations s’effectuant en mode vocal.

La pile à combustible : comment ça marche ?

La pile à combustible est constituée, comme toute pile, de deux électrodes – une anode et une cathode – séparées par un électrolyte, autrement dit un matériau qui bloque le passage des électrons libres. L’anode est alimentée en hydrogène (H2), provenant d’un réservoir, tandis que la cathode est chargée en oxygène (O2) puisé dans l’air atmosphérique. Dans l’anode les molécules d’hydrogène se dissocient en ions H+ , qui diffusent dans l’électrolyte, et en électrons qui sont contraints de circuler dans un circuit externe en créant, ainsi, un courant électrique continu. En parvenant au niveau de la cathode, les ions H+ se combinent avec l’oxygène et électrons, la réaction chimique produisant ainsi de l’eau dégagée sous forme de vapeur. Mais aussi de la chaleur qui peut, bien entendu, être récupérée. La pile continue à fonctionner ainsi tant qu’elle est approvisionnée en réactifs.